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Monochrome Web : Site "Par & Pour Déficients Visuels"Rubrique : Le Podcast "Série Noire Pour Une Canne Blanche"Épisode #4 : "Seule À L'Hôtel"Bon à savoir ... Avant de télécharger!
Transcription Texte
Je suis Lise Wagner, et je vous accueille dans ma "Série Noire Pour Une Canne Blanche". "Série Noire Pour Une Canne Blanche", c'est le podcast qui vous fait découvrir les défis qu' affrontent quotidiennement les personnes qui, comme moi, voient le monde avec leurs mains et leurs oreilles. Aujourd'hui, pour ce quatrième épisode, je vous emmène à la découverte des pièges des chambres d'hôtel. Dormir à l'hôtel, que ce soit dans le cadre d'un voyage à l'autre bout du monde ou d'un déplacement professionnel à deux cents kilomètres de chez moi, c'est toujours une aventure. Une aventure qui ressemble parfois à un redoutable escape game, avec son lot d'énigmes à résoudre, d'objets à trouver, d'accès ou d'issues à déceler. La première étape, c'est de trouver l'hôtel. Comme pour le reste de mes déplacements, je suis assez habituée à me débrouiller seule avec l'aide de mon fidèle smartphone et des applications GPS et calculateurs d'itinéraires en transports en commun. Mais là où ça se corse, c'est quand il faut trouver la porte de l'hôtel, le moment où mon GPS me dit "Vous êtes arrivés!" mais que, techniquement, je ne sais pas précisément où je me trouve. À ce moment-là, j'aime bien utiliser la technique du "Stop Piéton". Cette technique du "Stop Piéton" est assez simple. Il suffit d'écouter les pas des passants et, dès que l'un arrive suffisamment à proximité, de se jeter sur sa victime en prononçant à haute et intelligible voix une phrase du type : "S'il vous plaît, je cherche l'entrée de l'hôtel X ou Y.". À ce moment-là, même si la technique est simple, les réactions sont parfois surprenantes... Il y a ceux qui fuient tout simplement en se disant : "Chouette, elle ne me voit pas, je vais pouvoir filer incognito.". Il y a ceux qui ne m'entendent même pas, tellement ils sont plongés dans la consultation de leur téléphone. Il y a ceux qui s'excusent par quelques mots en langue étrangère du style : "Je ne parle pas français, laisse-moi tranquille...". Il y a ceux qui accélèrent le pas en lançant : "Non non, mais j'ai pas le temps...". Enfin, il y a ceux qui s'arrêtent, qui marquent quand même l'arrêt, et qui me disent : "Je ne vais pas pouvoir vous aider, je ne suis pas d'ici.". Pour ceux-là, heureusement, j'ai une parade. Il suffit de leur expliquer que je ne sollicite pas leurs connaissances du quartier, mais simplement, leurs yeux qui certainement sont plus performant que les miens. Il y a aussi, fort heureusement, et à ceux-là je vous une gratitude éternelle, ceux qui accourent en voyant mon air désemparé et me propose spontanément leur aide, et sont même parfois prêts à m'accompagner jusqu'à la porte; ce qui, évidemment, est très utile quand la porte est protégée par un Digicode ou un interphone, tout type de contrôle d'accès qui, en général, n'est pas accessible aux personnes qui ne voient pas. Après l'épreuve de la porte d'entrée, il y a l'épreuve de la réception. Ça peut être très facile si la réception est située juste après la porte et que le réceptionniste, où la réceptionniste, doué de capacités d'accueil normales quand on pratique ce métier, m'adresse un grand « bonjour ». Alors, ce bonjour m'oriente dans l'espace et me permet de me diriger jusqu'au comptoir pour effectuer la suite des formalités. Mais il peut aussi en être autrement quand la réception est située plus loin de la porte ou quand le personnel est momentanément absent ou encore quand il est frappé de mutisme. Car oui, ça arrive, la vue d'une canne blanche provoque chez certaines personnes une telle sidération qu'elles deviennent instantanément muettes. Si tout se passe bien, la personne qui est à la réception va m'aider directement ou trouver une autre personne pour m'aider à rejoindre ma chambre et à repérer les différents équipements. Si personne ne peut m'accompagner, dans ce cas-là, je vais me faire expliquer le trajet; et c'est là où l'aventure commence... Déjà, pour me rendre à l'étage, entre l'escalier et l'ascenseur, j'avoue que j'ai plutôt tendance à choisir l'escalier. C'est pas seulement pour maintenir la ligne mais c'est aussi parce que, grâce à l'escalier, je vais savoir exactement à quel étage je me trouve et je vais garder une représentation mentale de l'espace que j'ai traversé. Alors que si je prends un ascenseur, eh bien c'est nettement plus compliqué. Parce que, d'une part, il va falloir que je trouve le panneau de commande de l'ascenseur. Est-ce qu'il est à gauche, à droite, plutôt en haut, plutôt en bas? Est-ce qu'il est sur une ou deux colonnes? Comment sont les boutons? Les boutons ne sont pas toujours marqués avec des chiffres en braille ou en relief, ce qui fait qu'il va falloir déduire leur ordre; et ce qui fait aussi que, quand j'arrive à un étage et que la cabine s'ouvre, je ne sais absolument pas à quel étage je me trouve. Il se peut alors que, croyant être à l'étage de ma chambre, je vais alors m'acharner sur la porte de la chambre de quelqu'un d'autre puisque je serai au mauvais étage... Plutôt désagréable comme expérience, vous en conviendrez. Admettons que je descende au bon étage. Moi je vais me retrouver devant d'innombrables portes, avec la même poignée, la même serrure, avec le même lecteur de carte, la même petite plaque fixée sur le battant. Et si les chiffres des chambres ne sont ni marqués en relief, ni en braille, toutes ces portes sont exactement semblables. Alors oui, on peut bien sûr les compter : la troisième à droite, la deuxième à gauche... Mais c'est quand même plus rassurant de pouvoir vérifier le numéro de sa chambre avant d'y entrer. Sinon, soit je prends le risque de terroriser un autre occupant de l'hôtel en m'acharnant sur sa porte Croyant que c'est la mienne, ou alors j'erre dans les couloirs en attendant qu'une âme charitable passe et puisse m'orienter. Mais ça peut durer longtemps... Admettons encore que j'ai trouvé la bonne porte de ma chambre. Commence alors l'épreuve de la carte magique. Eh oui, la fameuse carte magnétique qu'on nous remet à la réception. Je regrette l'époque où on nous remettait une bonne vieille clé bien lourde pour ne pas qu'on l'oublie. Les cartes magnétiques, la plupart du temps, n'ont absolument aucune indication tactile qui permettrait aux personnes comme moi de pouvoir s'en servir. Alors commence l'épreuve de la carte. Puisqu'il y a quatre sens possibles, eh bien on va essayer les quatre! Une fois entrée dans la chambre se pose alors la question de l'éclairage. Mes yeux ont beau avoir une performance proche de zéro, j'apprécie d'avoir un peu de lumière. D'une part ça m'aide à m'orienter, mais aussi ça crée quand même une ambiance beaucoup plus sympathique, vous en conviendrez. Mais là encore, ce n'est pas si simple. Déjà, souvent l'activation de la lumière se fait aussi en insérant la carte. Donc il va falloir l'insérer dans le bon sens, vous l'avez compris. Mais ensuite, soit tout s'allume, soit rien. Donc dans ce cas, il va falloir trouver les interrupteurs. Alors commence une bonne séance de balayage des murs, que j'astique méthodiquement le long des cadres de portes, à la recherche des interrupteurs, également à proximité de la tête de lit, de part et d'autre, pour pouvoir créer l'ambiance lumineuse qui me conviendra. C'est la même chose pour les prises. Comme tout le monde, et je vous l'ai dit, pour trouver la porte d'entrée de l'hôtel, j'utilise beaucoup les GPS et mon fidèle smartphone. Sauf que ces petits engins sont très gourmands en énergie et qu'il va falloir que je lui donne à manger. Donc je cherche une prise. Nouvelle séance d'astiquage des murs, cette fois sur un autre niveau puisque ça va être plutôt au niveau du sol. Et tout ça se passe pour tous les équipements finalement : La télécommande de la télé (Parce que, oui, je peux avoir envie de regarder la télé!), la climatisation, n'est-ce pas. Si la température ne me convient pas, eh bien, bonne chance! Puisqu'il va déjà falloir que je trouve le boîtier, mais aussi, que je sache comment l'utiliser. Les sanitaires aussi réservent parfois leur lot de surprises, surtout quand on voyage à l'étranger où les systèmes de chasse d'eau ou les systèmes de thermostat pour la douche peuvent parfois beaucoup varier. Souvent dans les hôtels, on a aussi des petits échantillons dans la salle de bain : Du savon, du gel douche, du shampooing-douche, du lait pour le corps. Mais alors, comment faire la différence entre toutes ces petites bouteilles? C'est pas évident... Je connais très bien quelqu'un qui un jour a failli se doucher avec du cointreau, puisqu'il y avait une petite mignonnette offerte par l'hôtel qu'il a confondu avec le gel douche. Vous en conviendrez, une fois qu'on a franchi toutes ces épreuves, on mérite bien une bonne nuit de sommeil dans un lit confortable! En attendant, bien sûr, les nouvelles épreuves du petit déjeuner qui, inévitablement, arrivera le lendemain matin. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais l'accessibilité est désormais un critère pour juger du standing de l'hôtel et gagner des étoiles. Alors, si vous êtes propriétaire d'hôtel, n'hésitez pas à m'inviter. Je me ferai un plaisir de venir tester, surtout si c'est un hôtel cinq étoiles! J'espère que cet épisode vous a plu. Le mois prochain, je vous inviterai à me suivre dans mes aventures aériennes. Eh oui, on va parler des aéroports! Vous venez d'écouter "Série Noire Pour Une Canne Blanche", un podcast proposé par OKEENEA. Vous pouvez retrouver tous les épisodes de la série sur le webzine OKEENEA, webzine.okeenea.com, et toutes les bonnes plateformes de podcast. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager largement avec votre entourage. Quant à moi, je vous retrouve très bientôt pour un nouvel épisode de mes aventures. Pensez à vous abonner pour être sûr de ne pas le rater. D'ici là, vous pouvez reprendre une activité normale. Portez-vous bien! Lien De Téléchargement DirectCopyright (©) Stéphane VINCENT 2006-2099 Monochrome Web, Site "Par & Pour Déficients Visuels" - Tous Droits Réservés |